Calmels et Le Viala

Rédigé le 15/05/2020

« Les rêveries du promeneur solitaire… »

Ainsi titrait Jean-Jacques Rousseau. Le dit confinement m’a poussé au rangement. Mon atelier où s’accumulaient sans limites toutes sortes d’objets devenait inaccessible. C’est en archéologue que j’ai décapé ce lieu, couche après couche avec la précision d’un horloger pour conserver ce qui peut encore servir et ce qui nourrit le souvenir et la mémoire. Enfin, sur tout un mur, est réapparue la fresque qu’avait réalisée un de mes amis* il y a déjà un brin de temps.
Je peux la contempler à nouveau. Je retrouve l’espace. Cette nécessité du rester chez soi m’a ouvert des horizons calmes. En rêveur j’ai installé en ce lieu un petit bistrot avec ce que j’ai retrouvé sur place. Tout y est : la table, les chaises, le moulin à café et la bouteille de goutte. J’écoute le silence rythmé par l’horloge et fortifie mon goût de la contemplation. Devant cette évocation d’un paysage caussenard presque désert se mêlent nostalgie et joie de vivre. Je m’assieds à l’unique table de mon café et vagabonde sur le tableau. La pendule marche à la seule énergie de la gravité. Elle n’a pas besoin de piles. Je respire le vent des hauts plateaux, entends le crissement des herbes, la terre qui raisonne du cheminement d’un troupeau. Les charrettes témoignent du labeur de nos aïeux, les toitures de leur savoir faire et l’horizon de leur exode.
Qu’avons nous tant gagné à abandonner le pas lent de leurs journées? Dans les chemins creux ils conversaient à l’ombre de quelques buis, déclaraient leurs amours, ils savaient méditer au temps de l’angélus.
Ils imaginaient quelques confins inaccessibles alors que pour nous la terre se rétrécie.
Je lis donc « les rêveries du promeneur solitaire » dans mon atelier et d’un seul clic vous fais partager ce voyage. Le progrès a aussi du très bon.
*Fresque réalisée par André Carrière.
Jacky CONSTANS