Rallye Dakar 2020 "Une édition compliquée" pour Loïc Minaudier

Rédigé le 21/01/2020


Après 12 jours de compétition en Arabie Saoudite pour le Dakar 2020 Loïc Minaudier revenait en terre St-Affricaine dimanche dernier. Lundi il nous livrait ses impressions à chaud sur cette édition  "compliquée" mais qu'il a terminée pour la 5ème fois consécutive, même  s'il n'a pas atteint ses objectifs en terme de classement.

Il revient avec une côte cassée d'un côté et des douleurs intercostales de l'autre ainsi qu'un souci au pied. "Des blessures dès le 3ème jour ce qui m'ont mis en mauvaise posture au niveau de mes capacités physiques pour me donner à 100%. Quand on a des blessures c'est gênant, mais ça n'empêche pas de continuer. Même si on se fixe des objectifs il faut s'adapter au fur et à mesure, en fonction de la situation. C'est la première fois que je fais une course presque parfaite la première semaine, j'étais bien dans mon truc et aussi parce que j'ai accepté de prendre des risques d'entrée. Je suis content de ça; je suis allé à la limite de la moto et de moi-même, j'arrivais fatigué, je donnais tout au jour le jour et l'entraînement aussi a porté ses fruits. Même si j'avais mal par rapport à ces petites blessures j'ai gardé de la vitesse avec l'objectif d'être dans le Top 20, mais surtout de rester entier et d'éviter des blessures plus graves. C'était des pistes très rapides notamment en deuxième semaine avec des dunes cassées qui peuvent tout faire basculer en une fraction de seconde. Il y a eu beaucoup d'accidents et j'ai un camarade avec qui j'ai roulé une bonne partie du rallye, qui est entre la vie et la mort. Moralement ça refroidit, on pense à plein de choses. Cette année on a bien eu le rappel que ça reste un rallye à risque, il faudra peut-être proposer à l'avenir des circuits moins dangereux pour éviter tous ces accidents".

L'accident : la remise en question
Il revenait ensuite sur l'accident mortel qui a eu lieu et le décès de Paulo Goncalves. "C''est très compliqué quand on est sur la piste et qu'on voit l'accident. C'était une journée noire, il restait encore 300 kilomètres de course et pendant ce temps il se passe énormément de choses dans la tête. C'est quelque chose de braiment bizarre. On sait quand on est motard qu'on prend des risques mais je n'avais jamais ressenti cette émotion par rapport aux motards. On pense jamais que ça peut être fatal, c'est dur à accepter surtout en plus quand ça arrive au pilote le plus respecté, un pilier des motards amoureux de cette discipline qui participait à son 13ème Dakar. Il faut se rendre à l'évidence, il y a eu un jour d'arrêt de course. Pendant deux jours il y a eu une remise en question et une évidence qui revient c'est dangereux et on accepte de continuer son challenge".

Une étape marathon décisive

Lors de l'étape marathon sans assistance "j'ai cassé l'étoile de sélection (qui permet de passer les rapports de la boîte de vitesse) je n'avais pas de 5ème ni de 6ème vitesse et ma vitesse maxi était de 85 km/h. Ça été deux jours difficiles et j'ai compris que les objectifs personnels étaient fichus et que si je voulais relier l'arrivée je devais ménager ma moto et prendre sur moi-même. La première journée, j'ai vu tous les concurrents me passer devant et c'est dur à avaler. Le soir on a essayé de voir ce qu'on pouvait faire avec des amis mais hélas rien. J'ai donc du repartir pour la deuxième journée avec le même problème c'était une étape avec pas mal de dunes ce qui m'a moins pénalisé dans cette partie là avant la reprise de la partie rapide, j'ai terminé du coup 60ème sur cette étape. Mais il fallait arriver au bout de cette deuxième journée marathon pour réparer la moto et continuer. Il faut faire en fonction des circonstances, on n'a pas le choix. On a changé la pièce et j'ai fait la dernière étape sans encombre et j'ai pu franchir la ligne d'arrivée et comme à chaque fois c'est une sensation unique, on a relevé le défi et on passe par beaucoup d'émotions. On est dans l'euphorie et on se dit plus jamais je ne reviendrai mais c'est quand même magique"

Et quant aux conditions générales
On a eu froid sur tout le circuit avec des températures à 0° le matin et au maximum 15° dans la journée.. C'est dur pour le corps, surtout quand on a des blessures et qu'on se contracte. Il y a eu aussi beaucoup de vent, des dunes cassées et des accidents il fallait avoir une vigilance de tous les instants. J'ai été un peu déçu au niveau de la navigation. On nous avait annoncé que ce serait plus compliqué mais il n'y avait pas vraiment de possibilité de s'égarer par rapport à la navigation proposée. Ca n'a pas été un facteur pour se démarquer, ça s'est encore joué sur la prise de risques et la vitesse. Pour ma part je n'y vais pas pour jouer ma vie et c'est peut-être ce qui explique la régularité.  Au niveau des parcours, les paysages étaient magnifiques c'est de loin ce que j'ai vu de plus époustouflant. Par rapport au parcours, c'était trop rapide et ça posait beaucoup e problèmes aux motards avec des départs à 4 h du matin et des arrivéex à 17 h ça fait vraiment des grosses journées. Tout ne peut pas être parfait, c'était un nouveau pays, mais l'organisation va devoir travailler pour améliorer la sécurité des pilotes parce que le rallye passera par ce pays pendant encore 4 ans. Au niveau du confort l'intendance cette année était la bienvenue et je félicite l'équipe médicale qui fait un travail d'enfer pour résoudre nos bobos, pour nous manipuler ou nous masser, c'est précieux.

Et maintenant
Je vais savourer cette 5ème arrivée et prendre du recul par rapport à ce rallye. Je termine quand même 5ème français et 35ème au classement général et mes deux amis aveyronnais motards ont aussi franchi la ligne d'arrivée tout comme mon collègue de quad qui a aussi bouclé son rallye, la première fois sur ce 6ème Dakar auquel il participait. Ça resserre encore les liens et notamment avec toutes ces péripéties. C'est une vraie famille et il y a un respect entre les pilotes. Malgré un bilan mitigé j'ai la satisfaction d'avoir terminé parce que je n'ai jamais été aussi près de l'abandon à cause de ma panne. Je sais que je vais encore repartir, j'en ai envie, j'ai toujours la passion, elle est encore intacte comme le besoin d'aller chercher le dépassement de soi-même. Malgré tout ce qu'on peut vivre, on l'accepte c'est comme une drogue pour cette discipline. Mentalement ça a été mon Dakar le plus difficile, il y a eu des moments de doute mais je suis aussi rempli de fierté et d'émotion. Il y a un fort sens du partage que ce soit sur place mais aussi ici alors qu'on est à l'autre bout du monde et ça c'est vraiment magique !"
Dans les semaines à venir
Loïc va se rendre début février à Super Besse au trophée Andros (sur glace) en moto. Il ne sait pas encore s'il va repartir au championnat d'Europe de rallye tout terrain qu'il n'avait pas fait en 2019 mais pour lequel il avait été sacré champion d'Europe en 2018. "ça va se décider rapidement parce que la première étape a lieu dans un mois. C'est quelque chose qui me convient  puisque ça se déroule sur des pistes avec des spéciales chronométrées avec de la navigation, mais la concurrence est de plus en plus rude. C'est une compétition sur 4 événements d'une semaine dans l'année en Espagne Grèce, Roumanie et  Sardaigne".
Encore toutes nos félicitations à Loïc qui remercie ses partenaires qui le soutiennent depuis des années et nous lui souhaitons bonne continuation en 2020 et réussite dans ses projets.
D.R.


Une édition compliquée