L’exil, les frontières, l’accueil, les rencontres : autant de réalités que nos sociétés appréhendent souvent par le rejet et l’oubli. Le spectacle "Cultivons des tenailles" propose une autre approche. À travers une mise en scène à la fois poétique et engagée, cette création collective interroge les récits d’exil et la force du lien humain. Un théâtre nécessaire, un théâtre qui résiste.
« Cultivons des tenailles » ne se contente pas de raconter l’exil : il le fait ressentir. La scénographie, épurée mais puissante, évoque les barbelés invisibles et les murs bien réels. Par son jeu extraordinaire, la comédienne Maëlle Marion arrive à suggérer la précarité et la violence de l’errance. Mais au-delà de l’oppression, c’est aussi l’espoir qui surgit, insaisissable, têtu. Le titre lui-même, "Cultivons des tenailles", fait écho à ceux qui, chaque jour, arrachent des brèches dans les murs de la bureaucratie et de la peur pour créer des espaces d’accueil et de solidarité.
Ce spectacle écrit par Elisa Sabathié, rappelle que derrière chaque traversée, chaque exil, il y a un visage, un souffle, une mémoire. Loin du pathos ou de la simplification, il donne à voir la complexité des trajectoires, l’ambivalence des sentiments et la chaleur des rencontres.
Si le théâtre a encore une mission, c’est bien celle de secouer les consciences. "Cultivons des tenailles" offre une plongée dans ce qui fait notre humanité : la capacité à écouter l’autre, à lui faire une place, à reconnaître en lui non pas un étranger, mais un semblable.
Un spectacle qui bouscule, qui interpelle, qui invite à l’engagement. Un spectacle, surtout, qui rappelle que l’accueil n’est pas une option, mais une nécessité. Car à force de vouloir enfermer l’autre dehors, c’est nous-mêmes que nous condamnons à l’isolement.
"Cultivons des tenailles", une invitation à tendre la main, vendredi 21 mars à Montlaur, 20h30, Foyer Magali.