Confédération Paysanne : Lettre ouverte à Monsieur Arnaud Viala, président du Conseil Départemental de l’Aveyron

Rédigé le 13/12/2024


Plus d'une centaine d'agricuteurs de la Confédération paysanne se sont rendu à l'assemblée plénière du Conseil Départemental (CD) de l'Aveyron.

Une délégation composée de 4 paysan.ne.s de la Confédération paysanne Aveyron est actuellement en train d'échanger avec Monsieur Arnaud Viala. Ci-dessous leur lettre ouverte

 

Pourquoi sommes-nous présents ce matin ?

Nous, paysans / paysannes d’Aveyron, sommes venus au Conseil Départemental suite à nos demandes répétées de rendez-vous restées sans réponse, pour interpeller sur les menaces qui pèsent sur le revenu agricole et la survie de nos fermes. Plus de 500 paysan.nes sont installés sur des structures qui, pour des raisons diverses et souvent externes, ne leur permettent pas de tirer un revenu décent (phase d’installation, accidents de la vie, aléas climatiques, absence d’encadrement des prix, inflation, etc). Solliciter le Revenu de Solidarité Active (RSA) devient alors un palliatif nécessaire.

Or depuis ce printemps, nombreux sont ceux qui ont subi des pressions quand à cette allocation : convocations devant l’assistant social et/ou injonction à trouver un emploi extérieur en plus de leur travail à la ferme !

Ce que nous sommes et ce que nous vivons

Nous sommes tous des assistés. Le revenu agricole disponible moyen, tous secteurs concernés, est constitué à 75 % des aides de la Politique Agricole Commune (PAC).

Or ces aides sont liées dans leur grande majorité aux surfaces exploitées. Elles laissent sur le côté de la route une grande partie des agriculteurs français, producteurs souvent de produits à haute valeur ajoutée, sous label de qualité, vendus en direct aux consommateurs. Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) soutiennent cette agriculture photogénique, qui fait bonne figure sur le territoire.

Percevoir la PAC ne garantit pourtant pas la viabilité des fermes : la FCO, les accords UE Mercosur viennent nous le rappeler. De nombreuses fermes qui touchent la PAC en viennent également demander le RSA.

Les agriculteurs installés sur des structures bien aidées par la PAC peuvent également se trouver dans des situations financières qui laissent l’exploitant sans revenu ; accidents climatiques, épizooties, problèmes de trésorerie, charges qui augmentent alors que le prix des produits agricoles stagne.

Ce que nous demandons

Nous exigeons un engagement à sécuriser et pérenniser le dispositif du RSA pour les actifs agricoles.

Nous demandons de ne pas appliquer l’exigence des 15 heures hebdomadaires d’activité demandées aux allocataires du RSA.

Nous demandons que les politiques de relocalisation de la production alimentaire menées par le Conseil Départemental assurent un soutien économique réel et cohérent à tous les paysans.

Nous demandons de redonner à la MSA son rôle de d’assistance sociale des agriculteurs. La MSA doit aider les paysans à faire valoir leurs droits et non pas être un organisme de contrôle.

Nous demandons de cesser de considérer le RSA comme une « charge d’accompagnement social exceptionnel » pour le Conseil Départemental, mais au contraire de le considérer comme un outil au service du développement du territoire, au même titre que les subventions versées à une ligne aérienne desservant la capitale départementale.

À défaut de mettre en place une véritable garantie pour un revenu paysan décent, le RSA actuel est un palliatif indispensable aux lacunes des politiques agricoles actuelles.