Les travaux de désamiantage ont commencé fin 2022 et vont se dérouler en plusieurs tranches. Concernant la première tranche, avant de repeindre les piliers et les arcs qui soutiennent le pont, une société spécialisée vient de faire tomber les parties de béton qui s’effritent. C’est avec stupéfaction que les habitants ont découvert des piliers défigurés, meurtris, presque comme s’ils avaient subi un bombardement.
A priori, il semblerait que certaines fissures, pourtant repérées préalablement par un trait de peinture, n’ont pas été traitées. Est-ce pour ne pas aggraver davantage la dégradation de l’ouvrage ?
Comme tous les vieux ponts en béton armé celui-ci, construit en 1930, subit depuis plusieurs années une dégradation appelée carbonatation. C’est un processus de vieillissement naturel du béton, accentué dans un milieu humide. Cette pathologie est responsable notamment de la corrosion de l'acier des armatures et de l'éclatement de l'enrobage de béton. Moins le béton est compact, plus la progression de la carbonatation est sensible. Ce qui est le cas de ces vieux bétons contenant du gros gravier de rivière. Le béton se désagrège localement, mettant à nu des pans de structure laissant voir leurs armatures rouillées (voir photo d’un pilier).
Devant ce constat inquiétant, il est légitime de se poser certaines questions. Le maitre d’ouvrage était-il conscient d’un tel degré de dégradation du béton ? Les armatures de fer vont-elles continuer à se corroder ? Le colmatage des parties dégradées va-il réellement renforcer les piliers ? Après les travaux, ce pont aura-t-il une solidité suffisante pour supporter le trafic des véhicules très lourds ?
Les personnes un peu curieuses sur le sujet savent que, selon le projet européen BRIME (gestion des ouvrages d’art), la durée de vie théorique d’un pont en béton armé était de 100 ans, mais en réalité elle se situe plutôt autour des 80 ans, selon les facteurs de dégradation. Or le pont de Saint-Izaire a dépassé les 90 ans.
Le Collectif citoyen, créé en avril 2021, a milité auprès du Département de l’Aveyron pour étudier sérieusement l’option destruction et reconstruction d’un pont neuf, certes pour l’aspect esthétique mais également pour la sécurité. En effet, dépenser presque 4 millions d’euros pour restaurer un tel pont ne paraissait pas à priori très pertinent.
Finalement se pose la question sur la façon dont les élus prennent ce type de décision et si la dépense de l’argent public sur un tel projet est vraiment rationnelle ?
Claudio Valente - Président du Collectif citoyen
Saint-Izaire : Rénovation du pont : la stupéfaction face à la dégradation du béton
Rédigé le 15/03/2023